Réforme territoriale : Les Alsaciens de l’étranger pour le maintien d’une visibilité alsacienne

La réforme territoriale en France est en marche. Non pas celle que les Alsaciens auraient souhaitée dans leur immense majorité, avec une région Alsace à part entière, mais au contraire, avec une entité alsacienne sans statut, engluée dans un patchwork artificiel, l’ALCA (Alsace-Lorraine-Champagne/Ardennes) que la loi nous impose finalement. Nous sommes bien loin de l’organisation et de la dénomination des anciennes provinces que l’histoire avait consacrées et que les générations futures vont pouvoir désormais se remémorer avec nostalgie.

On peut certes avoir beaucoup de regrets aujourd’hui, suite au fiasco du référendum alsacien du printemps 2013. Ces lamentations appartiennent pourtant désormais au passé. L’avenir est devant nous. Mais lequel ?

Tout le monde acquiesce : ce n’est pas la taille qui donne du poids à une région mais bien ses prérogatives ! Il est donc indispensable de revenir sur les principes fondamentaux de complémentarité et de subsidiarité, qui doivent se décliner tant au plan européen d’ailleurs qu’au niveau des Etats, au plan des régions comme à l’échelon plus local. Si chacun s’occupait de ce qui lui revient, les vaches seraient bien gardées. Ainsi, les grandes fonctions régaliennes, telles que les Affaires étrangères, les Armées, la Justice et la Police, sont du ressort des Etats. Personne ne le conteste. Quant aux régions, il ne sert à rien de les « réformer » en voulant les agrandir, si l’Etat ne leur donne pas plus de pouvoirs, plus de responsabilités, plus de moyens financiers. Ce qui s’y passe au plan économique, touristique, infrastructures, routes et transports, vie quotidienne de ses habitants, doit être décidé au niveau régional, ou par délégation au niveau local.

 

Pour une fusion des départements et des agences

Les services de l’Etat planifient leur réorganisation sur le grand Est, tout le monde y compris les organismes consulaires (chambres de commerce, de métiers, d’agriculture) multiplient les contacts pour être en ordre de marche dès l’entrée en vigueur de la grande Région ALCA, en janvier 2016. Et l’Alsace dans tout cela ?

Le temps presse. Certains ont compris que pour peser sur l’avenir, il est indispensable d’être le plus unis possible, de parler d’une seule voix, qui sera déjà moins audible dans l’ALCA-Land. D’où l’option de la réunion des deux départements en un seul, gage d’une représentativité visible et de poids dans la grande région, et bien entendu la fusion des agences de promotion touristique et économique au sein d’une seule et même structure dans les quelques mois qui nous séparent des prochaines échéances électorales de décembre. Tout ce qui permet à l’Alsace de garder et de renforcer son  potentiel de développement économique ira dans le bon sens.

 

Reprendre la main

Dans ce contexte nouveau, l'Alsace doit reprendre la main car sa promotion ne peut dépendre que d'elle-même, c'est-à-dire de ses forces vives. Les moyens publics seront plus rares et peut-être certaines collectivités n'auront-elles plus les compétences légales pour agir. Le relais doit être pris d'urgence par le privé, c'est-à-dire par tous ceux qui ont un intérêt au développement économique, touristique, culturel, de l'Alsace. Il s'agit de mobiliser l'initiative privée, qui sera épaulée par l'intervention publique, en commençant par celle des agglomérations, avec, en tête, l'Euro-métropole. Les agglomérations, en effet, ne devraient pas perdre la clause de compétence générale…

Il s'agit à l'évidence d'une révolution, tant est ancrée chez nous culturellement l'attente de l'initiative publique pour commencer à bouger. Les Alsaciens de l'étranger en créant des associations et en mobilisant les initiatives privées au service de la promotion de l'Alsace, avant d'en appeler au soutien public, ont démontré la pertinence de la démarche. Et…jusqu'ici l'initiative privée n'a pas à justifier de base légale pour se mobiliser.

 

Une image forte à préserver dans le monde

L’Alsace doit son attractivité à son identité singulière, à son histoire et sa géographie, à sa culture et ses hommes, à leur savoir-être et leur savoir-faire. Il est vrai qu’elle jouit à l’étranger d’une excellente réputation et d’une image très positive. C’est le fruit d’une conjonction de multiples éléments liés à son histoire notamment, à l’émigration de nombre de ses habitants et la présence d’une diaspora importante dans le monde. Eloignés de leur base, les quelque 80 000 Alsaciens de l’étranger ne se sentent ni Bas-Rhinois, ni Haut-Rhinois, mais bien Alsaciens. Ils ne seront pas non plus Alcaniens demain. Ils gardent leur Alsace chevillée au corps et en sont les ambassadeurs naturels et innés, fiers de leurs racines et confiants dans l’avenir de leur région d’origine. Même une réforme territoriale inique ne saurait gommer leur identité et ils continueront à porter haut les couleurs de leur belle Alsace.

 

Gérard Staedel

Président de l’Union Internationale des Alsaciens